Quand la méthode Sarkozy ne fait plus recette…

Publié le par section PS de Chelles

Nicolas Sarkozy avait suffisamment affirmé que de la crise économique naîtrait « un monde nouveau » pour ne pas être bousculé à son tour dans ses fondements politiques. Les jours qui ont précédé le sommet social ont fait souffler un vent de désordre inédit à l'Elysée. Visiter les pays du Golfe lorsque les Antilles s'embrasent, nommer des médiateurs comme autant de paravents à l'impuissance gouvernementale, reculer par petits pas - et sans le dire - sur l'université, multiplier les promesses aux syndicats : le président de la République a paru sur la défensive, tâtonnant et même parfois dépassé, comme si la méthode Sarkozy n'était plus le bouclier à toute épreuve qu'elle avait été depuis presque sept ans.

Au ministère de l'Intérieur, à Bercy, dans la campagne présidentielle et depuis sur les scènes nationale et internationale, le chef de l'Etat a dû ses succès aux trois ingrédients d'une recette qui jadis faisait son bonheur : surprendre et agir quasi quotidiennement ; être en première ligne ; et mener plusieurs fronts à la fois (Quand bien même il n’atteint jamais les résultats escomptés). Il a bien actionné ces trois moteurs ces dernières semaines, mais les trois ont connu des ratés. Avec un curieux résultat d'ailleurs, illustré par les suites de l'émission télévisée du 5 février : les Français semblent attendre de lui qu'il garde cette posture de « capitaine à la barre » ayant réponse à tout pour laquelle ils l'ont élu, mais avec une insatisfaction profonde sur les effets à en attendre - sa cote de popularité s'est effondré ensuite ; un peu comme s'ils commençaient à douter désormais du responsable politique.

Nicolas Sarkozy a multiplié les initiatives pour répondre à la crise et aux attentes sociales, mais sans que les Français semblent comprendre ni retenir grand-chose à l'ensemble. « Il y a eu tellement de paroles du président que cette parole s'est usée ; tellement de milliards dégagés que les gens ont perdu leurs repères », constate le sociologue Denis Muzet. « La méthode «une action rapide pour des résultats rapides» n'est plus adaptée à la situation », renchérit Emmanuel Rivière, de TNS-Sofres. Son souci d'être toujours en première ligne a également connu ses limites, car il s'accompagne chez lui de l'idée que, au fond, le gouvernement compte assez peu. Or, avec la multiplication des incendies (Antilles, recherche..), le gouvernement est apparu pour ce qu'il est, c'est-à-dire trop faible, au point de faire regretter à certains proches du président qu'il n'ait pas procédé à un vrai remaniement début janvier.

Mais le président a aussi donné le sentiment de désavouer Yves Jégo, Secrétaire d’Etat à l’Outre-mer (lequel, acculé par la crise, s’interroge déjà sur l’utilité d’un tel ministère) en le faisant revenir des Antilles, et Valérie Pécresse  en lui demandant de revoir son décret.

Le dernier pilier de la méthode Sarkozy est encore plus problématique, car c'est le quinquennat dans son entier qui se joue là. Le président s'est toujours posé comme règle de mener plusieurs réformes à la fois, avec l’illusion de piloter au plus juste, et croire maladroitement à la possibilité de lâcher du lest sur certaines tout en accélérant sur d'autres. Le problème, c'est que la gravité de la crise l'empêche cette fois de tenir plusieurs rênes en main et le conduit, dans le même temps, à ne pas pouvoir faire autrement. Les réponses d'urgence à la crise risquent de peser lourd sur la dette et les déficits. Son discours sur le moyen terme est ressenti comme extrêmement anxiogène par les français dans l'immédiat, alors que le chômage s'envole. Nicolas Sarkozy est pourtant d'autant moins enclin à mettre le frein sur les réformes que la seule façon pour lui d'espérer sortir de cette période par le haut est de tabler sur une reprise économique dans quelques mois et d'être alors capable de démontrer que la France s'en tire bien grâce à son action.  Mais à vouloir trop s’encombrer de rigidité idéologique en refusant toute forme de relance par la consommation, le président de la République risque d’endosser seul et pendant longtemps  la responsabilité de ses échecs. La « crise du siècle », comme il la nomme, ne  compte pas lui rendre  pas cette fois la tâche facile.

Malheureusement les annonces récemment faites par le président de la République ne sont pas à la hauteur des difficultés auxquelles la France et les Français sont confrontés : Il propose d’injecter faiblement 2,5 milliards d'euros dans le pouvoir d'achat, alors qu'il en faudrait dix fois plus pour enrayer la chute de l'économie française.

Cependant, les français sont toujours dans l’attente d’un véritable plan de relance puisque dans un sondage du 20 février paru dans Le Parisien/Aujourd'hui en France,  ils  étaient six sur dix  à estimer que la politique de Nicolas Sarkozy contre la crise n'est pas efficace.

Près d'un Français sur deux (49%) estime que cette politique n'est pas cohérente et 54% qu'elle n'est pas juste.

Par ailleurs, seules 19% des personnes interrogées pensent que les mesures annoncées - essentiellement en faveur des plus modestes et de l'emploi - auront un effet positif sur leur situation personnelle, alors que 71% disent s'attendre à un effet "pas positif".

 Enfin, l’appel interprofessionnel à la mobilisation que les syndicats ont maintenu à l'issue de ce sommet social recueille une majorité d'avis positifs, puisque 62% des Français disent avoir du soutien ou de la sympathie pour ce mouvement. Une manière de montrer  à Nicolas Sarkozy que lorsqu’on fait grève en France, contrairement à sa célèbre boutade, les gens s’en aperçoivent.

Publié dans Nationale

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